RÉALISATION: Elise Robertson
                SCÉNARIO: R. Scott Adams
                AVEC: Desiree Hall, Erik Stocklin, Colley Bailey, Adelaide Kane et Dominic DeVore
Avant de devenir un long-métrage, Donner Pass est d’abord et avant tout le nom d’une région des États-Unis. L’œuvre  d’Elise Robertson s’inspire d’un véritable événement qui s’est déroulé  en 1846 dans les montagnes du Sierra Nevada, où des émigrants  californiens étaient prisonniers par la neige. Certains d’entre eux ont  eu recours au cannibalisme pour survivre. Par contre, le film va  beaucoup plus loin que cette histoire véridique en ajoutant un élément  fantastique. En effet, si quelqu’un ingère le sang frais d’une personne  encore vivante dans le territoire de Donner Pass, cette personne se  transforme en un être affamé qui ne vivra que pour manger de la chair  humaine fraîche et absorbant ainsi sa force vitale. Bref, une base très  alléchante pour un film parlant d’un tueur cannibale.
Thomas invite trois amis au chalet de  ses parents afin de faire de la planche à neige sur la montagne de  Donner Pass. Tous connaissent l’histoire de George Donner, un émigrant  qui a dévorer ses compagnons lors de l’événement de 1846. Ce dernier est  devenu une sorte de légende locale et certains croient qu’il est  toujours vivant aujourd’hui. À l’arrivée imprévue du petit ami de Nicole  et de ses amis, Thomas se sent légèrement envahi par ces inconnus et  n’a pas d’autre choix que de les accueillir pour la nuit. Le lendemain,  l’un d’eux est porté disparu puis retrouvé mort aux abords de la route,  comme si un animal l’avait dévoré vivant. Vient alors une autre victime.  On aperçoit quelqu’un rôder autour du chalet. La légende de Donner  serait-elle véridique?
Après Michael Myers, Jason Voorhees et  Freddy Krueger, voici le tout nouveau tueur en série qui mange ses  victimes pour les déposséder de leur force vitale, et je nomme George  Donner. Bien que son origine soit attrayante, Donner n’est pas un tueur  plus intéressant qu’un autre. En fait, il est très mystérieux et on ne  sait pas grand chose de lui. Son existence et son identité seront mis en  doute par les protagonistes du film. Ses apparitions à l’écran sont  très peu fréquentes ce qui est bien dommage. Il apparaît et disparaît le  temps d’un moment d’inattention. Rien de plus qu’une copie d’un Jason  Voorhees version Daniel Boone.
Parce qu’effectivement, Donner Pass ressemble à un Friday the 13th dont l’action se déroulerait en montagne et en plein hiver. Le film  d’Elise Robertson détient toutes les caractéristiques propres du  sous-genre horrifique qu’est le slasher. Une panoplie de clichés nous  est donc soumise. Tout d’abord, on nous présente un tueur au casque de  poils qui vit dans la forêt dans le territoire de Donner Pass. Un groupe  d’amis étudiants passe la fin de semaine dans un chalet. Il y a de la  boisson, des morts et une scène de nudité. Finalement, le dénouement du  film laisse place à une possible suite.
Et pourtant, Donner Pass n’est  pas un slasher comme les autres. L’une des principales raisons qui  permet le film de se dissocier du lot est sans aucun doute la profondeur  des protagonistes. Oubliez ces adolescents attardés et sans  personnalité qui ne sont là que pour se faire tuer à coup de couteau ou  de machette. Les personnages du film sont réalistes, bien définis et  interprétés par des acteurs talentueux. Du coup, il est plus facile de  s’identifier aux personnages puisqu’ils font face à de vrais problèmes  de relations sociales. Même les plus détestables d’entre eux deviennent  attachants. Certains cachent un lourd secret qui entraîne des  retournements de situations imprévisibles au sein de l’histoire.  Aussitôt que le scénario commence à sentir le réchauffé, le scénariste  change la direction de son récit ce qui permet ainsi d’éviter les  longueurs.
La relation des personnages est si  intéressante qu’elle en éclipse l’un des principaux attraits qui donne  toute la force au slasher. Pour ceux qui recherchent des meurtres  originaux et bien gores... passez votre tour. Dans Donner Pass,  la plupart des morts ne sont même pas montrées à l’écran et ceux que  nous voyons ne sont pas dignes d’intérêt. Elise Robertson préfère  peut-être laisser libre cours à notre imagination, mais en faisant cela,  elle gâche tout le bon potentiel que ce genre de film aurait pu nous  offrir en terme de carnage. De ce fait, la chose la plus dégoûtante  qu’on voit à l’écran demeure une dégustation d’entrailles de quelques  secondes, et ce, lors des quinze dernières minutes du film. Rien de bien  intéressant à se mettre sous la dent en fin de compte.
Pour un film qui a comme antagoniste un  émigrant cannibale du XIXe siècle, le résultat est un peu décevant. La  principale cause est le manque de viande dans la charcuterie. Toutefois,  Donner Pass n’est pas un mauvais film pour autant. L’œuvre  possède une bonne réalisation et une belle maturité dans son scénario...  ce que peu de slashers peuvent se vanter d’avoir. Donner Pass  mérite amplement qu’on lui donne sa chance puisque c’est l’un des rares  films qui tente une approche différente d’un sous-genre surexploité de  manière unique.
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